Polarcirkel

Nous continuons notre périple vers le Nord.

L’ambiance de notre groupe est bonne, et nous effectuons nos tâches quotidiennes dans la joie et la bonne humeur. Ceci dit, lorsque c’est à notre tour de faire les courses, nous nous apercevons très vite de choses… bizarres.

Tout d’abord, sachez que la Norvège dépend essentiellement des autres pays pour ses produits frais, comme les légumes et les fruits. En bons franchouillards, nous arrondissons nos yeux tels des soucoupes en voyant les prix. 50 fr le kilo de tomates (soit 7,50€ vite fait). Le casse-tête est là, sous nos yeux. Comment faire des repas équilibré pour une quinzaine de personnes tout en restant dans le budget ? Autant vous dire que les organisateurs avaient eu la bonne idée de mettre des tonnes de sacs de riz dans nos coffres de métal pour le voyage. Nous allons en manger : des salades de riz, du riz chaud, du riz… et encore du riz. Et plus le voyage avance et plus les légumes frais prennent de moins en moins de place dans nos salades de riz. La vie est chère en Norvège, mais en plus de ça, les produits sont… étranges. Lors de nos pérégrinations dans les supermarchés, à la recherche de viande, de jambon et autre, nous avons pu constater que ce que l’on trouvait le plus facilement c’était… du poulet en tube. Rien que ça. Le goût de poulet dans une pâte à tartiner… Pas très étonnant de constater ensuite que le premier pays qui exporte vers la Norvège n’est autre que le Royaume-Uni (comment ça je suis mauvaise langue ?). Mais cet aspect m’a fait comprendre une chose : il est plus difficile d’adapter son palais que le reste de son corps…

Le second inconvénient de voyager en été en Norvège, c’est que tôt ou tard, au fur et à mesure de notre remontée vers le Nord, des compagnons de voyage se greffent à notre équipe. Pas du genre très loquace, et plutôt très irritant. Qui sont-ils ? Ils font partie de la grande famille des insectes, j’ai nommé les moustiques. Oh, bien sûr, en France, nous avons des moustiques, vous y êtes habitués. Mais cette rencontre-là restera forcément gravée dans votre mémoire. Les moustiques norvégiens n’ont rien à voir avec les moustiques français. Les moustiques français sont inexistants, faibles, gringalets à côté de leurs cousins vikings. Oui, j’ai bien dit viking. Un moustique norvégien est bien plus énorme, vicieux, hargneux. Leur population dépasse de beaucoup tous les moustiques français réunis. Enfin, il faut les comprendre. Ils ne voient pas beaucoup de chair fraîche sucrée humaine, alors un débarquement de jeunes touristes ? Ils ne vont pas s’embarrasser de piquer dans la douceur. Il faudra vous y habituer, les nuées de moustiques seront votre lot quotidien, ils n’hésitent pas à entrer dans votre bouche ou dans les mailles de votre pull. Votre vue sera forcément un brin parasitée par le nombre des insectes grouillants et volants, et ne pensez pas vous en débarrasser avec du produit anti-moustique. Oui, ce produit est indispensable si vous ne voulez pas finir couverts de boutons…. Mais…. Mais le moustique norvégien n’hésitera pas à rester caché dans les mailles de votre pull en attendant que le produit (après une bonne nuit de sommeil) ne fasse plus effet sur votre peau délicate. Habituez-vous aux soirées recouverts d’une moustiquaire pour pouvoir chanter autour du feu sans vous nourrir de ces femelles sauvages… Plus vous irez vers le Nord, et plus leur population augmentera. La meilleure technique pour leur échapper consiste à vous choisir un compagnon de voyage ayant un sang plus appétissant que le vôtre. Pauvre lui, mais bienheureux vous !

Enfin, finalement, nous le traversons.

Nord-Norge

Le passage du cercle polaire reste une étape marquante dans notre voyage à travers la Norvège. Il est marqué sur la route par deux poteaux, indiquant l’endroit exact de la ligne imaginaire.

Les poteaux marqueurs

Il existe également un petit monument, indiquant les dates des premiers passages d’explorateurs.

Les poteaux marqueurs

Ainsi qu’une inévitable boutique proposant souvenirs, cartes postales et un petit quelque chose qui en fait un endroit très sympathique. Qu’est-ce donc ? La boutique propose en fait de tamponner votre passeport de la date de votre passage du PolarCirkel. Sympathique, n’est-ce pas ? N’ayant pas mon passeport (une simple sortie du territoire avait suffit), j’ai pour ma part pris cartes postales et enveloppes, et j’ai demandé à ce qu’on tamponne mes enveloppes. L’avantage ? C’est que votre tampon n’est pas perdu lorsque votre passeport est périmé, ce qui en fait un souvenir pérenne !

Il est néanmoins intéressant de remarquer à quel point cette traversée d’une ligne ma foi imaginaire devient un souvenir marquant. Certaines choses changent. L’océan qui borde notre route devient l’Océan Glacial Arctique, et malgré le fait que nous soyons dans le Grand Nord, nous nous baladons en t-shirt, à 23°C, les pieds dans les neiges éternelles…

Fjord du Nord