Les enfants de l’Atlantide

Bernard Simonay a écrit une tetralogie (comprenant quatre tomes, comme l’armure du tetra-élément dans FF7) portant sur l’univers de l’Atlantide (vu le nom hein…). Vous allez avoir droit à un commentaire sur toute cette série de qualité.

Le Prince Déchu

Nous suivons Jehn, chasseur de la préhistoire. Ce jeune homme est le fils du chef de sa tribu, fiancée à la plus jolie fille du village. Qu’à cela ne tienne, Jehn présente des facultés exceptionnelles : une force colossale, une taille incroyable… Sa vie semble parfaite… Jusqu’à ce que sa tribu soit réduite en esclavage. Jehn part alors les secourir, accompagnée d’une jument apprivoisée et d’un loup pour le moins surprenant… Cette quête permettra à Jehn de découvrir qui il est réellement…

Ce premier tome nous entraîne dans un univers (le nôtre) qui peut nous sembler un peu lointain en ce qui concerne l’Atlantide. Mais où est-elle donc ? On se doute que le héros a un petit quelque chose à voir là-dedans, mais quoi ? Ayant joué à la série des Atlantis, je me suis dit “okay, ça doit être de l’autre côté de l’océan”… Jusqu’à ce qu’on arrive à la cité d’Yshtia… La similitude ne manque pas. Eh bien oui, en bonne Bretonne, je connais la légende d’Ys et je sais également que nombre d’hypothèses l’associent à la légende de l’Atlantide. La cité d’Ys connut le même sort que l’Atlantide : engloutie par les eaux. Mais ceci n’est pas dû à la rage d’un volcan (comme pour l’Atlantide) mais par la faute de la fille du Roi qui succomba au démon. Dahut (la fille), en effet, avait voulu cette cité par pure caprice. Elle avait nombre d’amants qu’elle faisait régulièrement tuer. Puis arriva le diable qui prit l’apparence d’un jeune homme qui demanda à la jeune femme les clés. Elle lui obéit jusqu’à ouvrir les portes qui retenaient les eaux. Et Ys fut engloutie par les eaux. On dit que la jeune femme se changea en Marie-morgane, ces femmes à la queue de poisson…
Dans tous les cas, revenons à notre sujet. Ceux qui connaissent la légende savent comment le livre va finir : par la destruction d’Yshtia. Bien que la princesse d’Yshtia, aveuglée par la haine, aura fait quelque chose approchant de l’immonde pur. Totalement affreux et yeurk. Dans tous les cas, cela amènera Jehn à prendre conscience de son état de non-humain. Les personnages sont simples à comprendre. Les gentils sont gentils, les méchants sont méchants. Et on se rend compte du style déjà de l’auteur. Il prend nombre de faits dans notre réalité qu’il développe. Si le parallèle de la ville d’Ys est intéressant, si on se rend compte que oui, la décadence amène forcément la destruction, on ne peut s’empêcher cependant de se dire que quand même, c’est dommage que les personnages soient si lisses… Enfin…. L’Atlantide est proche !

L’Archipel du Soleil

Jehn, à l’aide de Callisto, entreprend le voyage de ses vies antérieures. Il fut Astyan, un des dix princes de l’Atlantide. Et la femme aux yeux verts prend un nom : Anéa, sa compagne millénaire… Il découvre pourquoi le glorieux Empire de l’Atlantide n’est plus. Un voyage douloureux qui le ramène à son état actuel : dernier de sa race…

Je crois que ce tome-là fut ma plus grande déception quelque part. On retrouve les origines d’Astyan, de sa première venue au monde et comment il devint un des Princes de l’Atlantide. Puis comment celle-ci fut détruite. Les thèses sont nombreuses. Mais ici, l’hypothèse choisit me laisse quelque part un goût amer… Dans nombre de cas, il s’agit d’un conflit de pouvoir intérieur, de religions, de réveil de volcan… tout ce que vous voulez… Mais ici, c’est une lutte manichéenne encore. Des personnages méchants ont mis au point un plan machiavélique pour se débarrasser des Titans, ces Princes de l’Atlantide bons et généreux… Même si la thématique derrière, c’est de ne pas laisser la science sans limite (comme le clonage humain etc…). Je fus déçue de cela en fait. On ne profite pas assez de l’univers même de l’Atlantide. On assiste à sa pré-naissance, puis à sa destruction. Comme les humains peuvent être des moutons et se laissent entraîner dans la décadence finalement… Trop manichéen à mon goût finalement, bien que la prose de l’auteur soit toujours aussi excellente.

Le Crépuscule des Géants

Astyan décide de partir pour retrouver l’Atlantide, mais il ne peut y aller seul et sans navire. Il décide la construction d’un navire fabuleux, doté de la technologie atlante. Le seul chantier possible se trouve à Leoness, cité aux coutumes étranges… Il y rencontrera un nouveau visage qui atténuera un peu sa solitude : Attalante.

Bon, retour au présent. Jehn accepte son identité d’Astyan et prend son nom finalement. Cette fois-ci, la thématique abordée est la religion, avec un chef ayant le statut de représentant d’un dieu. Assez classique, on assiste évidemment à des gens qui se retrouvent exclus de la société, une cité maudite encore une fois, et comment l’envie de prendre le pouvoir amène certains créer des misères. On peut noter le nom de la réincarnation du Géant méchant qui se rapproche évidemment de Loki, divinité nocturne, traître ayant amené le Ragnarok pour le pouvoir et la vengeance tout simplement (dans la mythologie nordique). Tome plutôt classique. Ceci dit, c’est peut-être que cette fois-ci, je n’ai pas reconnu la cité d’origine qui a donné Leoness. Mais peut-être que cette fois-ci , il n’y en a pas, puisque le nom reprend celui d’une des villes de l’Atlantide de Bernard Simonay (quoique ça me fait penser à Lyonesse de Jack Vance, donc, il doit y avoir une légende derrière).

La Terre des Morts

La mort d’Attalante aura permis une chose : on sait à présent ce qui est arrivé aux Titans. Il n’en faut pas plus à Astyan pour se mettre en route et passer par le portail du Triangle de la Mort. Il découvre de l’autre côté un nouveau monde mais ce dernier est en crise… En compagnie de la Titanide Pléionée, Astyan va tout faire pour retrouver ses compagnons perdus.

Bon, cette fois-ci, l’auteur reprend la légende du Triangle des Bermudes en ajoutant un zeste de la théorie des mondes parallèles (oui elle est sérieuse). Ceci dit, ce tome est vraiment un gros parallèle avec notre temps actuel. L’Atlantide et la recherche des Titans passent au second plan pour que l’auteur puisse développer ses arguments et son combat pour l’époque actuel, pronant la vie en symbiose avec la Terre (oui, moi aussi je suis pour ça). Il cite même sous le couvert du parallèle les actions de Georges Bush Jr. (mais on le reconnaît facilement lol). Et dénonce par la même occasion l’absurdité que notre système économique gouverne notre monde plus que nos raisons (je ne vais pas développer, lisez le tome, ça sera plus simple et il écrit bien mieux que moi lol). J’ai bien aimé le clin d’oeil à l’OMC (le même sigle mais pas la même signification, même si au final, cela donne la même chose). Je dirai que ce tome est surtout un avertissement de ce qui pourrait se passer plus tard. Huxley est même cité dans le livre. Même si je reconnais la richesse et la qualité et oui c’est essentiel de dénoncer, je trouve dommage que, voilà…. au revoir l’Atlantide, ce n’est plus tellement ça qui compte. Nous avons quitté le monde merveilleux de la fantasy et de la science-fiction pour laisser place à un plaidoyer. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, c’est juste… que je n’attendais pas ça pour m’évader (au contraire, ça ramène à la réalité). Les parallèles atteignent ici leur summum en fait…

De manière générale, c’est une très bonne saga. L’auteur en connaît un rayon sur le sujet, on ne peut que l’affirmer. Mais je trouve dommage cependant qu’il se raccroche trop à notre réalité. C’était déjà le cas pour la saga de Phoenix, sauf qu’ici c’est encore plus marquant. Notre réalité n’est plus autant mêlée de légendes et cette tétralogie sonne plus comme un immense avertissement sur les dérives de notre monde. D’un côté, vous allez me dire que c’est plus important de se battre pour notre époque que de laisser notre esprit dériver dans le rêve… mais je préfère quand même quand les parallèles ne sont pas aussi frappants. Quand ceux-ci sont développés dans de vrais mondes différents, ayant des lois différents. Ca ne me suffit pas un héros ayant des capacités surhumaines… Le monde aussi a besoin de merveilleux, sinon, inévitablement les rêves prendront l’aspect effrayant des chimères scientifiques décrites par Bernard Simonay. L’Homme est fait de telle manière qu’il ne peut se contenter de ce qu’il a. Il doit rêver. Il lui faut du mystique. Et je crois que c’est ce qui manque dans ce livre. Peut-être que tout est trop bien expliqué. Il n’y a pas de place au merveilleux, malgré le titre. Nous assistons à chaque fois à la destruction d’un monde et des solutions pour que celui-ci puisse se relever, mais… voilà, je ne me suis pas assez échappée… C’est une saga de qualité, mais, peut-être trop terre-à-terre pour moi…