Le Prince du Graal

Allez, on commence fort les vacances.

Hier, je me suis inscrite aux bibliothèques de Paris et je suis allée à celle de Port Royal, dont la spécialité est la SF/Fantasy, vu que c’est mon terrain de prédilection en matière de lectures. J’ai pris mon temps pour choisir mes 5 romans autorisés (d’ailleurs, ils ont aussi des livres en anglais !) et j’ai finalement pris les deux tomes du Prince du Graal de McKenzie.

Je n’en avais jamais entendu parler. Je ne connaissais absolument pas. Mais ce que je voyais me suffisait : un roman arthurien, mais avec comme héros principal, non Arthur, non Guenièvre, non Lancelot, non Merlin, non Viviane, non Morgane, mais Galaad. Galaad, le fils de Lancelot, celui qui a trouvé le Graal selon la Légende. Je trouvais le choix assez original. Il faut dire que généralement, Galaad est pris comme le modèle absolu du chevalier parfait. De ce fait, il est parfait… et atrocement ennuyeux. Ne vous méprenez pas. J’ai toujours eu un faible pour Galaad. Comme je connais les légendes de la Table Ronde depuis toute petite, je le prenais tel quel : parfait. Il devait être le plus fort, le plus gentil et donc le meilleur de ce fait. Ce n’est qu’avec l’âge que je me suis rendue compte que cette perfection était son défaut. Obnibulé uniquement par le Graal, il ressemble plus à un solitaire aveuglé par son Dieu qu’autre chose. Quel dommage !

Enfin, c’est donc la curiosité qui m’a poussée à prendre les deux tomes : La Prophétie de la Dame du Lac et Les Sortilèges du Désir. Ah, un Galaad tenté par les plaisirs de la chair ? Ce serait nouveau, non ?

Les deux tomes auraient tout aussi bien pu n’être qu’un (je soupçonne Pygmalion d’avoir encore coupé en deux un roman unique…). On rencontre Galaad alors qu’il va avoir 15 ans, après la mort du Roi Arthur (ça aussi, c’est nouveau lol). Nous suivons sa progression dans le temps, dans sa quête du Graal, entrecoupée de flashback de son enfance jusqu’à la bataille où Arthur est tombé, tué par Mordred.

Galaad tout jeunot a des idées très arrêtées : il veut être Pur. Le désir, l’amour, c’est le mal… Et de ce fait, il est parfaitement misogyne et méprisant envers les femmes. Ca commence pas mal, je dois l’avouer. Un Galaad imparfait, ça c’est croustillant. Peu d’auteurs ont voulu toucher à ce mythe de la Pureté absolu et il est souvent présenté comme le plus parfait gentilhomme chevalier qui soit, et intouchable. Ici, au contraire, par sa Quête de la Pureté Absolue, on connaît un Galaad passioné, redoutant son manque de contrôle, voulant se terrer dans la solitude pour ne pas avoir affaire à la tentation, aux bornes du mépris envers beaucoup de gens, et de femmes.

Cependant, tout au long de la lecture, on se rend compte qu’il a dû avoir affaire à toutes sortes de gens voulant l’utiliser comme arme, car il avait été désigné par une Prophétie avant sa naissance. Enfant né au milieu de ragots cotnradictoires, ce n’est pas étonnant qu’il a dû avoir l’esprit embrouillé : qui croire ?

Dans tous les cas, Galaad est un révolté : révolte contre son père, révolte contre sa mère, il cherchera la vérité afin de pouvoir se réconcilier avec les deux, en fait. On le découvre cruel souvent, la rancune est tenace en lui et il ne découvrira la paix qu’à la fin, quand l’auteur nous donnera sa propre version du Graal à trouver. De là vient sans doute le fait que Galaad est plus original et touchant que jamais. Plus intéressant aussi.

Bon, le style d’écriture est tranquille, très sympa en fait. Bien sûr, le livre souffre de quelques longueurs pour ceux qui connaissent les différentes épreuves qu’a dû passer Galaad. Mais cette version est très intéressante et originale. J’ai été ravie de découvrir ce Galaad imparfait d’où découle toutes sortes de récits sur sa Vertu.

PS : Dans ce livre, Galaad ne finit pas puceau :D